[ Pobierz całość w formacie PDF ]

anxieux sur les nuages bas qui chassaient avec une extrême
vitesse ; puis, quittant la passerelle, il rentra dans sa cabine, où
il ne tarda pas à reprendre son sommeil interrompu.
Le lendemain matin, 22 juin, ainsi que l avait dit le
capitaine Turcotte, bien que le vent n eût pas sensiblement
molli, le Dream s était remis en bonne direction.
Cette navigation dans l ouest pendant le jour, dans l est
pendant la nuit, dura quarante-huit heures encore ; mais le
baromètre annonçait quelque tendance à remonter, ses
 62 
oscillations devenaient moins fréquentes ; il était à présumer
que ce mauvais temps allait prendre fin avec les vents qui
commençaient à haler la partie du nord.
C est ce qui arriva, en effet.
Aussi le 25 juin, vers huit heures du matin, lorsque Godfrey
monta sur le pont, une jolie prise du nord-est avait balayé les
nuages, les rayons de soleil se jouant à travers le gréement
mettaient leurs touches de feu sur toutes les saillies du bord.
La mer, d un vert profond, resplendissait alors sur un large
secteur, directement frappé par la lumière radieuse. Le vent ne
passait plus que par folles volées, qui galonnaient d une légère
écume la crête des lames, et les basses voiles furent larguées.
À proprement parler, même, ce n était plus en véritables
lames que se soulevait la mer, mais seulement en longues
ondulations, qui berçaient doucement le steamer.
Ondulations ou lames, il est vrai, c était tout un pour le
professeur Tartelett, malade, aussi bien lorsque c était « trop
mou », que lorsque c était « trop dur ! » Il se tenait donc là, à
demi couché sur le pont, la bouche entrouverte, comme une
carpe qui se pâme hors de l eau.
Le second, sur la dunette, sa longue-vue aux yeux, regardait
dans la direction du nord-est.
Godfrey s approcha de lui.
 Eh bien, monsieur, lui dit-il gaiement, aujourd hui est un
peu meilleur qu hier !
 Oui, monsieur Godfrey, répondit le second, nous nous
trouvons maintenant en eau calme.
 63 
 Et le Dream s est remis en bonne route !
 Pas encore !
 Pas encore ! Et pourquoi ?
 Parce qu il a été évidemment rejeté dans le nord-est
pendant cette dernière tourmente, et il faut que nous relevions
exactement sa position. Mais voilà un beau soleil, un horizon
parfaitement net. À midi, en prenant hauteur, nous obtiendrons
une bonne observation, et le capitaine nous donnera la route.
 Où donc est le capitaine ? demanda Godfrey.
 Il a quitté le bord.
 Quitté le bord ?
 Oui !& Nos hommes de quart ont cru apercevoir, à la
blancheur de la mer, quelques brisants dans l est, des brisants
qui ne sont point portés sur les cartes du bord. La chaloupe à
vapeur a donc été armée, et, suivi du maître d équipage et de
trois matelots, le capitaine Turcotte a été en reconnaissance.
 Depuis longtemps ?
 Depuis une heure et demie environ !
 Ah ! dit Godfrey, je suis fâché de ne pas avoir été prévenu.
J aurais eu grand plaisir à l accompagner.
 Vous dormiez, monsieur Godfrey, répondit le second, et le
capitaine n a pas voulu vous réveiller.
 64 
 Je le regrette ; mais, dites-moi, dans quelle direction la
chaloupe a-t-elle couru ?
 Par là, répondit le second, droit par le bossoir de tribord&
dans le nord-est.
 Et avec une longue-vue on ne peut l apercevoir ?
 Non ! elle est encore trop loin.
 Mais elle ne peut tarder à revenir ?
 Elle ne peut tarder, répondit le second, car le capitaine
tient à faire son point lui-même, et il faut, pour cela, qu il soit de
retour à bord avant midi !
Sur cette réponse, Godfrey alla s asseoir à l extrémité du
gaillard d avant, après s être fait apporter sa lunette marine. Il
voulait guetter le retour de la chaloupe. Quant à cette
reconnaissance que le capitaine Turcotte était allé faire, elle ne
pouvait l étonner. Il était naturel, en effet, que le Dream ne se
hasardât pas sur une partie de la mer, où des brisants avaient
été signalés.
Deux heures se passèrent. Ce fut seulement vers dix heures
et demie qu une légère fumée, déliée comme un trait,
commença à se détacher au-dessus de l horizon.
C était évidemment la chaloupe à vapeur qui, la
reconnaissance opérée, ralliait le bord.
Godfrey se plut à la suivre dans le champ de sa lunette. Il la
vit s accuser peu à peu par des lignes plus franches, grandir à la
surface de la mer, dessiner plus nettement sa fumée, à laquelle
se mêlaient quelques volutes de vapeur sur le fond clair de
l horizon. C était une embarcation excellente, de grande vitesse,
 65 
et, comme elle marchait à toute pression, elle fut bientôt visible
à l Sil nu : Vers onze heures, on apercevait à l avant la
« ouache » blanche que soulevait son étrave, à l arrière le long
sillage écumeux qui s élargissait comme la queue d une comète.
À onze heures et quart, le capitaine Turcotte accostait et
sautait sur le pont du Dream.
 Eh bien, capitaine, qu y a-t-il de nouveau ? demanda
Godfrey, qui vint lui serrer la main.
 Ah ! bonjour, monsieur Godfrey ?
 Et ces brisants ?&
 Pure apparence ! répondit le capitaine Turcotte. Nous
n avons rien vu de suspect. Nos hommes se seront trompés.
Aussi cela m étonnait bien, pour ma part !
 En route alors ? dit Godfrey.
 Oui, nous allons nous remettre en route ; mais,
auparavant, il faut que je fasse mon point.
 Donnez-vous l ordre d embarquer la chaloupe ? demanda
le second.
 Non, répondit le capitaine, elle pourra nous servir encore.
Mettez-la à la remorque !
Les ordres du capitaine furent exécutés, et la chaloupe à
vapeur, qui fut laissée en pression, vint se ranger à l arrière du
Dream.
 66 
Trois quarts d heure après, le capitaine Turcotte, son
sextant à la main, prenait la hauteur du soleil, et, le point établi,
il donna la route à suivre.
Cela fait, après avoir jeté un dernier regard sur l horizon, il
appela son second, et il l emmena dans sa cabine, où tous deux
restèrent en assez longue conférence.
La journée fut très belle. Le Dream put marcher
rapidement, sans le secours de ses voiles qu il fallut serrer. Le
vent était très faible, et, avec la vitesse imprimée par la
machine, il n aurait pas eu assez de force pour les enfler.
Godfrey était tout joyeux. Cette navigation par une belle
mer, sous un beau soleil, est-il rien de plus réconfortant, rien
qui donne plus d essor à la pensée, plus de satisfaction à l âme ?
Et pourtant, c est à peine si, dans ces circonstances favorables,
le professeur Tartelett parvenait à se ragaillardir un peu. Si
l état de la mer ne lui inspirait plus d immédiates inquiétudes,
son être physique ne parvenait guère à réagir. Il essaya de
manger, mais sans goût ni appétit. Godfrey voulut lui faire
enlever cette ceinture de sauvetage qui lui serrait la poitrine ; il
s y refusa absolument. Est-ce que cet assemblage de fer et de
bois qu on appelle un bâtiment ne risquait pas de s entrouvrir
d un instant à l autre ? [ Pobierz caÅ‚ość w formacie PDF ]

  • zanotowane.pl
  • doc.pisz.pl
  • pdf.pisz.pl
  • dirtyboys.xlx.pl